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Ces fichues maladresses...

 

 

Ça fait plus d'un an que tout a basculé et en cherchant le sommeil, des phrases tournent dans ma tête. Ces maladresses qui m'ont fait mal, ces mots dont on a pas besoin et qui nous enfoncent.

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

Un responsable du cimetière à qui je demande s'il y a une trace de la crémation d'Auguste dans les registres.

Avec un petit sourire moqueur « C'est pas comme si c'était un enfant mort à un an ou même deux ans..c'était qu'un..comment on dit déjà?.. qu'un fÅ“tus ! »

 

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Monsieur, c'était mon fils, il mesurait 50 cm et il avait de beaux cheveux bruns. Peut-être que vous devriez changer de métier ! Â»

 

 

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

L'anesthésiste, le rendez-vous  avant l'accouchement:

« Ce sera donc votre deuxième enfant Â» elle coche la case.

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Non madame. Comme vous pouvez le voir sur notre livret de famille, Auguste occupe bien la page de notre deuxième enfant, vous n'allez pas ruiner le travail d'un an de psychothérapie. J'espère que ce n'est pas vous qui serez de garde ce jour-là. Â»

 

 

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

La dame à la caisse de Kiabi : «  Je ne comprends pas. Sur votre carte de fidélité, ça dit que vous devriez déjà avoir accouché ! Â»

 

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Oui, j'ai bien accouché, j'ai même eu une épisitomie mais mon fils était mort. Nous avons eu du mal à surmonter cette épreuve alors nous n'avons pas pensé à clôturer ce compte de points. Â»

 

« Ah..euh..Je vous les transfère sur cette nouvelle grossesse au moins ça ne sera pas perdu. Â»

 

« oui, au moins, ça , ça ne sera pas perdu, pour Auguste de toute façon, on ne peut plus rien faire Â»

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

Une collègue « Tu vas accoucher là ? Mais c'est une usine à bébés. Ils n'avaient même pas vu que mon fils avait une insuffisance cardiaque et puis l'équipe de sages femmes était vraiment nulle.

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Nous avons retourné le problème dans tous les sens et dans un mois en effet, je vais accoucher là-bas pour la deuxième fois et je n'ai vraiment mais vraiment pas besoin d'entendre ça maintenant ! merci Â»

 

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

Quelqu’un de ma famille en parlant de moi à une connaissance que l'on croise ensemble:

«  Elle attend une fille Â»

« Encore une ? Â»

« Et oui, on est pas doué pour les garçons dans la famille Â»

 

et ce qu'on aurait voulu entendre mais qui n'est pas sorti :

« L'année dernière, elle a eu un petit garçon mais il est mort d'un accident de cordon avant l'accouchement. Il repose en paix au cimetière près de Toulouse. On pense souvent à lui et cette grossesse n'est pas facile à vivre pour elle alors elle n'a vraiment pas besoin d'entendre une telle remarque. Â»

 

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

Une collègue :

«  C'est une fille ? Mais c'est super ! C'est bien mieux comme ça. Â»

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Alors là, je m'incline, bravo ! Était-ce le sujet de votre thèse de fin d'études de psychiatrie car vous semblez savoir de quoi vous parlez pour affirmer une telle chose ? Â»

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

Plusieurs personnes :

« Je n'en parle pas car vous avez l'air d'aller bien et je n'ai pas envie de vous replonger dans tout ça Â»

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« On y pense tous les jours et toutes les nuits depuis plus d'un an. Ce n'est pas ce que vous allez dire qui va m'y faire penser davantage. Au contraire, ne jamais vous entendre m'en parler me pèse terriblement et j'attends le temps où tout le monde aura compris que le silence est extrêmement douloureux et que la parole libère. Â»

 

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

La famille :

« Je te demande pas comment ça va parce que je vois bien quand ça ne va pas Â»

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Vous devriez au contraire me demander comment je vais, accepter d'entendre que ça ne va pas et vous intéresser à ce que je fais pour aller mieux»

 

 

 

Les mots de trop pendant la grossesse :

« Et puis je ne sais pas quoi faire pour t'aider. Â»

 

et ce qu'on aurait voulu répondre mais qui n'est pas sorti :

« Demande-moi ! J'ai toute une liste.. Venir avec moi pour acheter des habits de grossesse, me laisser pleurer dans tes bras, parler des moments que l'on a partagé à la clinique à la mort d'Auguste, parler avec notre fille de ce qu'elle vit, de ce qui l'angoisse, m'aider à faire le tri des papiers, des habits de bébé, m’accompagner chez la sage femme, m'aider à faire le ménage, à préparer la chambre du bébé... Â»

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