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Le 10 février 2014,

 

Cela fait trente-cinq jours que la terre s'est arrêtée de tourner pour nous.

 

J'ai l'impression de regarder une horloge au ralenti depuis cette nuit-là et comme un robot agir selon les heures mécaniquement et n'avoir plus d'intérêt en ce que chaque jour pourrait alors apporter. Quelque chose s'est brisé. Les repères ont disparu. La machine détraque.

 

Ma petite fille grandit, elle court, elle rit, elle tombe malade, elle tombe par terre, elle fait des bêtises. C'est ça la vie d'une petite fille de deux ans et demi mais depuis ces petits bobos et ces chagrins d'enfants qui font le quotidien de tous les parents, m'anéantissent, me pétrifient, m'achèvent. Elle, elle est là, bien vivante, j'aimerais la protéger de tout, la garder dans mes bras, ne jamais la quitter des yeux et ne la confier à personne. Bien sûr, ce serait la punir et je l'aime trop pour ça alors je me raisonne mais j'ai mal, tellement mal, quand elle part, quand elle pleure ou quand elle souffre.

 

Elle m'apporte tant de chaleur et de réconfort. C'est ma bouée, ma raison de vivre et pourtant les mots qui peuvent sortir de sa si jolie bouche, parfois, me transpercent comme une lame. Je n'ai pas pu lui offrir de petit frère. Le père Noël, lui, ne l'a pas déçue. Il a mis sous le sapin tout ce qu'elle avait commandé. Moi, j'ai parlé d'un jour où elle le verrai. Pour elle, j'ai menti. Je l'ai trahie. Je suis méchante. Mon ventre ne sent pas bon. Elle ne me dit pas cela quand elle me retrouve les yeux gonflés ou bien qu'elle me voit fatiguée mais quand j'ai pris une grande inspiration, que le soleil contre la vitre a réchauffé un instant mon cœur et que j'essaie d'avancer. A ce moment-là, elle sait que j'aurai la force de répondre à ses questions, de répéter encore et encore que son petit frère était trop faible et qu'il ne viendra pas vivre avec nous. C'est la psychiatre qui lui a dit qu'il était mort. Nous n'avions pas osé. Nous avions parlé d'étoiles et elle a préféré notre version puisqu'elle la tourne dans tous les sens depuis ce jour afin de lui trouver une fin heureuse.

 

« Moi aussi je suis partie dans les étoiles avant de venir ici ? »

« Non, toi tu étais assez grande et forte quand tu es sortie de mon ventre pour venir vivre avec nous »

En montrant le ciel, « il est là mon petit frère ? »

« Oui. »

« Il va revenir bientôt ? »

« Non. »

« Alors demain ? »

« Non ma chérie »

« Mais si, plus tard alors ? Dans quelques minutes ?»

« Non, tu te souviens ce qu'a dit le docteur ? Il est mort, il ne reviendra pas » Elle pleure et je suis méchante. Son papa a beau répéter ce que je viens de dire, c'est à moi qu'elle en veut et c'est à moi, dans deux jours, qu'elle posera la même question ou bien une autre en regardant mon ventre.

 

« Petit frère est dans le ventre, maman, hein ? »

« Non, il n'y est plus.»

« Si je le vois dans ton petit bidon. »

« Non, je te l’ai déjà dit, tu le sais »

« Et pourquoi ? »

 

Les hormones, la fatigue, la douleur.. tout s'embrouille mais je réponds à chaque fois calmement. Je pleurerai plus tard.

 

Cela fait trente-cinq jours que la terre s'est arrêtée de tourner pour nous et déjà le médecin dit qu'il est temps de retrouver le sommeil sans somnifères pour ne pas prendre le risque de ne plus pouvoir s'en passer.

Je peux à nouveau dormir sur le ventre mais j'en suis incapable. Dans cette position qui m'a apaisée toute mon enfance, je sens, au contact du matelas, dans ma poitrine et mon ventre, les battements de mon cœur qui prennent une ampleur insupportable lorsque j'y prête attention.

 

Les cauchemars s’enchaînent. Je revis toujours les mêmes scènes : la petite qui se réveille parce que le coup de fil à la clinique nous a fait hausser le ton, la décision de partir seule pour qu'elle se rendorme dans son lit rassurée par son papa et le trajet jusqu'à la clinique. Je revois le parking souterrain et le sourire amusé de la sage femme face aux inquiétudes courantes d'une femme en fin de grossesse qui débarque, mal coiffée, aux urgences au beau milieu de la nuit. Vient alors, encore et encore, le moment de l'annonce. Je voudrais qu'il disparaisse mais il me hante. Cette froideur et ce détachement que l'on m'avait expliqué ainsi par la suite :

« Ce n'est pas facile de dire ces choses-là, vous savez, il y a des personnes qui savent mieux s'y prendre que d'autres »

 

Pour mon médecin, il n'avait pas su s'y prendre, c'était malheureux mais on n'y pouvait rien. Pour moi, c'est une scène qui revient, un visage qui me glace et une colère qui monte quand je me dis que cet homme voit défiler des femmes tous les jours dans son cabinet et que son métier est basé sur le dialogue avec ses patientes. Sans aller jusqu'à exiger de lui la moindre once de compassion, j'estime qu'il devrait être formé pour livrer un discours un tout petit peu plus construit dans ces situations-là même en fin de garde de nuit. Ce serait un message qui ne changerait pas l'histoire mais qui reconnaîtrait le caractère humain de son destinataire.

 

Le soir, quand il est l'heure, je ne peux m'endormir sans prendre la main de mon conjoint ou bien toucher son bras. C'est le seul qui puisse me rappeler que ça s'est produit, que c'est arrivé. Je ne peux m'endormir sans rappeler à ma tête que mon ventre est vide, que je n'ai pas rêvé. Et pourtant cela ne suffit pas toujours à ma tête. Je le vois avec nous. Nous le présentons à notre famille. Il est là. Les gens se le passent de bras en bras, le trouvent beau ou curieux, s'amusent du prénom que nous lui avons choisi et il me regarde. Je suis sa maman.

 

Je n'ai pas besoin de la nuit, d'un lit et d'un tranquillisant pour vivre des moments de torture. Cela fait trente-cinq jours que la terre s'est arrêtée de tourner pour nous et nous avons pris le temps de prévenir un grand nombre de personnes plus ou moins proches - les voisins, le lycée, la famille, les amis, les collègues, la crèche - afin d'éviter les maladresses et les situations gênantes. Mais tout aussi absurde que l'idée de faire grandir ma fille dans du coton, celle d'informer la terre entière de ce qui était arrivé relevait bien de l'impossible.

 

Un goûter devait être organisé pour que nous présentions, une maman et moi, nos petits garçons à tous les membres de l'association qui organise des activités pour les enfants de la commune auxquelles nous participions toutes les deux. L'association avait été mise au courant mais pour la protéger rien n'avait été envoyé à cette maman. Elle a accouché une semaine après moi, m'a envoyé un message pour annoncer la naissance de son fils, me faire part de la joie de ses filles soucieuses de tout faire pour bien accueillir le petit bonhomme et m'a demandé des nouvelles de ma grossesse. Une bombe au petit matin dans une chambre d'hôtel. Je ne lui en veux pas.

 

Depuis mon séjour à la maternité, je n'ai plus qu'une attestation papier de mes droits puisque ma carte vitale est sortie « vidée » de la clinique. Comme pour toute démarche administrative, les délais sont ahurissants. La pharmacienne rentre alors mon nom dans l'ordinateur pour me délivrer des médicaments et s'exclame « Il y a une erreur. Il disent que vous êtes enceinte. J'ai même une date d'accouchement ! Ah ah ah ! »

 

Une maman à la sortie de la section de la crèche où nos filles se côtoient. Je suis assise avec ma fille. J'attends le rendez-vous devant le bureau de la directrice. Elle s'écrie :

« Félicitations ! Ça y est vous avez accouché ! »

Je marmonne mais elle ne comprend pas.

« Ah non ? Mais comment ? » , toujours aussi fort.

Ma fille sur mes genoux, cache sa tête et ne dit plus rien. Je suis tétanisée. La mère est gênée par mon blocage. Elle doit me prendre pour une folle, elle s'en va sans rien ajouter et sans avoir compris. Quelques jours avant que tout bascule, ma fille avait été présentée au nouveau-né de cette dame et avait eu l'honneur de le toucher car elle allait accueillir bientôt un bébé comme lui chez elle. Cette dame s'était alors sentie flattée de participer à la préparation de ma fille. Elle savait qui était sa maman. Elle me saluait, m'encourageait à chaque fois que nous nous croisions et parfois même lorsque mon ventre m’empêchait de courir derrière ma fille dans les couloirs de la crèche en me disant « c'est pour la bonne cause ! ».Une phrase, un vrai leitmotiv pendant ma grossesse pour m'aider à oublier nausées, diastasis de la symphyse pubienne, brûlures en tout genre et autres réjouissances de l'époque. Je n'ai pas passé une journée depuis le mois de septembre sans l'avoir entendue. Un voisin, la boulangère, la dame du rectorat.. Je me la répétais alors avec un grand sourire, le cÅ“ur léger et plus heureuse que jamais quand mon gros ventre prenait de drôles de formes, animé par une petit vague tout simplement magique.

 

Une amie partie pour plusieurs semaines en vacances m'écrit avant même d'avoir pris le temps de regarder ses messages accumulés depuis son départ sur sa messagerie. Elle s'excuse de ne pas avoir pris de mes nouvelles de là-bas mais me demande de lui rappeler ma date d'accouchement parce qu'elle a hâte de rencontrer mon petit garçon.

 

Lorsque nous avons quitté la clinique nous ne pouvions pas rentrer chez nous alors nous sommes partis trois jours. A cet endroit, tous les gens que nous croisons, nous disent que nous avons de la chance de pouvoir être là en dehors des vacances scolaires, que notre fille est adorable, que c'est bien dommage qu'il n'y ait pas d'autres enfants car elle aurait pu s'amuser davantage, que nous l'avons réussie et que c'est une enfant qui doit nous donner envie d'en avoir d'autres.

 

Ils ne savent pas. Je ne peux pas leur en vouloir.

 

Hier, une maman que je salue de loin mais vers qui je ne m'avance pas gênée de ne pas lui avoir parlé quelques jours auparavant au parc, envoie son fils demander à ma fille :

« Où il est ton bébé ? »

 

 Ma fille ne comprend pas. Elle est à la ludothèque, il y a des bébés -c'est ainsi qu'elle appelle les poupons- mais elle ne joue pas avec. Elle rigole. Il doit se tromper.

 

Au moment où je réalise ce que la maman essaye de faire, je veux me tourner vers elle mais c'est trop tard. Elle chuchote à l'oreille de son fils qui reprend alors avec plus d'entrain.

 

« Il est où ton petit frère, je veux dire ? »

Je regarde la maman et elle sourit. Elle a enfin mon attention.

« Et oui. Ça y est vous avez accouché »

« Non. Oui mais.. » et je fais non de la tête.

« Je suis désolée, je ne savais pas. Je suis vraiment désolée » Elle ne savait pas. Et elle ne savait pas non plus qu'un quart d'heure plus tôt ma fille avait encore fixé mon ventre et posé la question à laquelle je n'avais pas de réponse inédite.

 

C'est plus douloureux encore quand on chuchote, que les coups de téléphone sont interrompus ou bien tournent courts en notre présence ou que l'on fait comme si de rien était et que l'on nous parle de la pluie et du beau temps.

Ça a existé. Il a existé. Il nous a entendu parler de lui pendant huit mois avant de partir dans les étoiles. Il bougeait, se retournait et donnait des coups pour montrer qu'il était là. Il réagissait, à chaque fois, à la voix de sa grande sœur, à ses chansons et au contact de sa main qui venait se poser sur le ventre pour entrer en contact avec ce petit être qui empêchait sa maman de courir avec elle. Sur notre livret de famille, nous avons deux enfants. Il ne sont simplement pas sur la même page. Nous l'avons vu. Nous l'avons touché. Pourquoi parler de la pluie et du beau temps alors que pas une seconde la météo ne nous a intéressé depuis cette nuit-là. Par peur de nous faire de la peine ? C'est en faisant comme s'il ne s’était rien passé que vous nous faites mal.

 

Je n'ai jamais eu aussi mal.

 

Je pleure de ne pas avoir pu donner un fils à ma moitié, un petit frère à ma fille chérie, un petit-fils à mon papa qui était si fier, un arrière petit-fils à ma grand-mère qui comptait les jours où je me tenais sage pour couver ce petit bout de chou. Je pleure de ne pas avoir pu donner un beau bébé, en pleine forme, à ma famille. J'ai la gorge nouée et le cœur qui ralentit à chaque fois que je me dis que c'est fini. Il me l'a annoncé. On me l'a répété et pourtant je ferais, je donnerais tout pour que ça ne soit jamais arrivé.

 

Je ne pourrai jamais oublier que j'ai dû garder mon enfant, sans vie, dans mon ventre pendant trois jours et trois nuits.

 

Je ne pourrai jamais oublier qu'à la clinique, j'ai dû prendre mes douches dans l'obscurité pour ne pas voir mon reflet dans le miroir. Debout, dans le noir, sous le jet d'eau brûlante, je fermais les yeux. Dans l'obscurité, les courbes de cette silhouette maternelle restaient visibles. Je ne pouvais supporter de constater que je ne pouvais toujours pas voir mes pieds tout en sachant que le berceau à la maison resterait vide. Cela n'avait plus de sens. J'étais face à l'absurde et je n'avais pas le droit de sauter par la fenêtre pour arrêter tout ça.

 

Je ne pourrai jamais oublier la table à langer près de mon lit à la clinique ainsi que les posters publicitaires qui décoraient l'espace.

 

Je ne pourrai jamais oublier, le samedi soir après le drame, le message de l'ostéopathe qui veut comprendre (ou soulager sa conscience). Il nous demande de le rappeler sans faute et se dit chagriné et désolé pour « ma fausse couche ». Il ne connaît apparemment pas la définition de ce terme. De plus, nous lui avons déjà expliqué par téléphone à la clinique mais peut-être continue-t-il de croire que les résultats de l'autopsie nous parviennent par fax dans la semaine après l'accouchement et que c'est bien sûr à lui que nous allons penser lorsque nous les aurons. Je lui en veux. J'ai écrit calmement une lettre que j'ai envoyé à son cabinet pour mettre fin à nos échanges et le rediriger vers ma clinique s'il avait le moindre doute sur ses gestes de la veille de notre cauchemar.

 

Je ne pourrai jamais oublier lorsque l'on a rappelé les urgences, tant les douleurs étaient intenses, preuves de l’inefficacité du médicament pour éviter la montée de lait et que la personne m'a répondu de manger du persil parce que ce médicament ne marchait pas pour toutes les femmes. Je ne pourrai jamais oublier la voix qui tremble de mon conjoint en sortant de chez le pédiatre, m'annonçant que l'on devait partir tous les trois aux urgences parce que le médecin n'avait jamais vu ça. Des adénopathies cervicales énormes dans le cou de ma fille quelques jours après le drame. Je ne pourrai jamais oublier, là-bas, les parents énervés, les bébés qui hurlent et les mères affolées qui ont fait tombé leur enfant ou qui l'on trouvé comme ça, alors que nous attendions notre tour.

 

L'écriture, c'est comme déposer un paquet de papier kraft plus ou moins bien ficelé dans lequel se mêlent les souvenirs, les sensations et les réflexions qui habitent l'étage du dessus et qui font un sacré raffut sans que rien n'en sorte de bon. Il sera peut être expédié mais déjà un soupir de soulagement. Ce qui est écrit ne tombera pas dans l'oubli. La tête le sait. C'est du moins ce que j'essaie de lui faire comprendre. Elle peut alors cesser de s'épuiser à entretenir ces pensées à chaque instant de peur de les perdre au fil des jours. Le contraire ne le ferait pas revivre.

 

Il avait des cheveux bruns, un nez tout rond, des lèvres bien dessinées et des petites mains douces aux ongles bien faits.

 

Au début de notre histoire, son papa et moi faisions les trajets toutes les semaines pour nous retrouver. Même si nous passions le lundi, le mardi, le mercredi et le jeudi dans l'attente de ces retrouvailles la fatigue, les tensions et les embouteillages ou bien les mines renfrognées des banlieusards dans les transports faisaient de notre vendredi soir un chemin parfois sinueux. Un passage obligé avant de profiter vraiment enfin de notre week-end en amoureux. Un de ces soirs-là en question, lassé des conversations sans fin lors des derniers vendredis soirs critiques et plutôt que de se lancer dans de grands discours, il m'avait annoncé, à mon arrivée chez lui, avoir trouvé LE film à regarder ensemble pour se détendre, LE film qu'il avait visionné seul dans la semaine et qui correspondait à tout ce que j'aimais dans le cinéma. C'était un pari osé puisqu'en début de relation, m'annoncer que l'on me connaissait si bien, c'était risqué.

C'est déjà le générique de fin et pas de doute, il a gagné. La magie du cinéma qui me transporte et me fait rêver a opéré. Ce film, je l'ai regardé à nouveau pendant ma grossesse. Et notre petit Auguste a entendu ses mélodies qui m'ont émue. Moondance, Someday...Des notes qui sonnent le début de notre belle histoire d'amour. August Rush, c'était le titre. Le souvenir tendre du jour où je me suis dit « il me connaît bien, je n'ai plus peur de faire un bout de chemin à ses côtés. »

Des « Louis », il devait y en avoir trop cette année mais nous aimions ce prénom et il aurait pu le choisir s'il n'avait pas aimé Auguste. James c'était en souvenir de ma première grossesse pendant laquelle son papa et moi avions lu à voix haute l'histoire de James et la Pèche Géante, persuadé que le petit bébé surprise qui allait naître était un garçon.

J'aurais tant voulu lui dire tout ça.

Aujourd'hui, des résultats d'analyses du placenta qui ne révèlent aucune anomalie. J'ai franchi à nouveau les portes de la clinique accompagnée de ma grand-mère, il y a trois jours, pour un retour de couche hémorragique. Un autre cas de « pas de chance, ça arrive» mais sans gravité celui-là.

« Au moins, tu n'auras pas droit aux nuits difficiles» m'avait-on maladroitement lancé en me retrouvant à la clinique. Nos nuits sont agitées. Pas de biberons, de tétées et de couches à changer mais notre fille qui se réveille en hurlant sous les coups de deux heures du matin et qui devient hystérique si son papa l'approche. Elle a besoin de contact. Elle se cache dans notre lit.

Cela fait plus de trente nuits que ça dure et malgré nos multiples tentatives téléphoniques, nous ne savons pas où est le corps de notre petit garçon. L’hôpital nous confirme la date de l'autopsie deux jours après l'accouchement mais le crématorium n'a pas encore inscrit son nom sur les registres du cimetière. On nous répond que pour nous calmer à la clinique on parle aux parents d'un délais de dix jours mais c'est une moyenne. Cela fait un mois que j'ai accouché.

Je pleure. J'ai trente ans et je suis en deuil. Je n'ai que trente ans et je suis en deuil de mon enfant. 

Ce n'était pas un mauvais rêve ...

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