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Lundi 12 mai 2014

 

Depuis le 22 mars, maux de tête, fatigue, irritabilité..

 

Mardi 8 avril: Retard. Un espoir. Puis non. Test négatif.

 

Jeudi 10 avril: Test pipi positif. Test sanguin positif. Ma généraliste est ravie. Mon conjoint ne le sait pas encore. Je lui annonce. On est prudent mais on sourit. Ma sage femme est en pleurs. On a réussi à me redonner confiance et mon corps me montre qu'il est prêt à nouveau.

 

Vendredi 11 avril: Bilan sanguin. Premiers résultats dans l'après midi. Marqueurs de grossesse en augmentation.

 

Samedi 12 avril: Aucune connexion possible sur le serveur du labo, mes codes pour recevoir la suite des analyses ne marchent pas. On m'avait dit que ça prendrait du temps. Je laisse tomber. Journée bien remplie : visite à la SPA dans le projet excitant d'accueillir un petit chien dans notre famille, carnaval de la ville avec une amie, ma fille magnifique déguisée en petit lion, un grand beau temps, sortie au resto tous les trois pour fêter le retour des beaux jours, le cÅ“ur léger pour la première fois depuis des mois..

 

Dimanche 13 avril: Que du bonheur...comme un dimanche en famille sans soucis et avec un sourire dans le cœur.

 

Lundi 14 avril: J'essaye à nouveau mes codes. « Rappelez dans une heure, je ne comprends pas. Un nouveau dossier a été créé à votre nom. Le médecin a dû demander d'autres analyses Â». Une heure ?? C'est trop long.. J'appelle mon médecin. « Elle vous rappelle dès qu'elle peut Â» Une heure à tout imaginer. Je rappelle le labo. « Ne vous inquiétez pas. La grossesse évolue bien. Votre bébé n'a rien. Le médecin a demandé d'autres analyses qui prendront du temps mais vous n'avez vraiment pas de quoi vous en faire Â».

Mon bébé ? Je ne suis pas prête à parler de bébé à ce stade ! De quoi me parle cette biologiste ? On me donne des nouveaux codes et j'apprends que j'ai contracté le Cytomégalovirus et que mes anticorps sont à bloc !

Et alors ? Internet, recherches..Ma généraliste me rappelle. Elle est désolée. C'est une mauvaise nouvelle pour la grossesse. Elle ne connait pas exactement ce qui va se passer pour l'instant mais elle n'est pas du tout rassurante comme la biologiste. Elle veut nous recevoir. Je demande à mon conjoint de rentrer du boulot. Elle nous explique qu'elle a demandé une nouvelle analyse pour dater le virus. Il y a trois semaines d'attente. Nous avons rendez-vous à l’hôpital dans quinze jours avec des spécialistes.

 

Mardi 22 avril: Après une semaine d'attente et sans signe de fausse couche, je me rends seule à l'échographie de datation. Pas d'activité cardiaque. Sac de petite taille. Rien de bon. On m'envoie faire une prise de sang. On repart à deux cette fois-ci chez le médecin.  C'est trop lourd pour moi à porter. Nous confions notre fille à une amie.

 

Vendredi 25 avril: Mon conjoint en déplacement depuis trois jours, c'est la dernière écho. Il rentre plus tôt pour y assister. Le fÅ“tus et le sac ont grossi, un cÅ“ur bat. Ce médecin me parle du caractère anxiogène de tous ces examens bien trop précoces et nous conseille de tout laisser tomber pour vivre cette grossesse sans problème apparent pour elle plus sereinement. C'est ce qu'on fait. Rendez-vous médecin annulé mais on maintient celui de l'hôpital car il me faut bien un suivi de grossesse nous rappelle la généraliste. Nous obtenons les résultats de datation du virus plus tôt que prévu. J'ai contracté le CMV il y a entre deux et trois mois. Ma fille maintenant elle aussi immunisée, il ne faut pas être détective pour faire le lien. Nous tenons le coupable de son gros soucis de santé qui nous avait conduits aux urgences un soir de janvier.  Ce virus très courant dans les crèches avait choisi le corps de ma fille puis le mien pour passer l'hiver. Tout ce bilan était donc rassurant. La conception était bien postérieure à toute cette histoire.

 

Lundi 28 avril: Entretien anxiogène. Le CMV a des effets dans le temps. Le médecin nous présente nos trois options. Une fausse couche précoce, une grossesse normale ou bien des malformations pour le bébé. Elle nous annonce des échos mensuelles, une amniocentèse et un suivi rapproché.. Au secours ! Une écho est faite sur place pour s'assurer du caractère évolutif de la grossesse. Tout va bien malgré un décollement comme à tous mes débuts de grossesse.

Quatre heures passées à l'hôpital, mon conjoint avait pris sur son temps de travail, il ne pourra donc pas venir à la séance mensuelle du groupe de partage le soir même. J'y pars seule avec ma grosse valise d'angoisses. Une autre maman annonce qu'elle est enceinte. C'est à mon tour de partager mon état. Je suis enceinte mais aussi atteinte du CMV. Je comprends depuis ce matin le poids de la nuance.

 

Mardi 29 avril: Appel surprise de l'hôpital. Le médecin veut revenir sur notre entretien. Elle a parlé à son collègue spécialiste du virus. Il est plus encourageant. Si la grossesse atteint la 9ème semaine les risques pour le fœtus sont quasi inexistants. Elle m'annonce alors qu'elle va suivre ma grossesse. Nous prenons les rendez-vous à venir pour le suivi et les échos. Elle ne rajoute qu'une écho de contrôle en Juillet pour nous rassurer.

 

Mercredi 30 avril: Dernier rendez-vous chez ma généraliste. Elle est ravie de pouvoir nous confier à des praticiens plus spécialisés. Elle me présente ses excuses pour nous avoir stressés avec toutes ces analyses complémentaires. Cela lui posait un cas de conscience car en France si une femme enceinte est atteinte de ce virus pendant sa grossesse elle ne le saura pas. Connaissant notre histoire, elle ne voulait pas nous cacher quoi que ce soit.

 

 

Mardi 6 mai: En vacances depuis quelques jours dans le sud est pour se changer les idées. De légers saignements. Urgences de Nice, seule en taxi. Le chauffeur est très bavard. J'entends alors sans écouter qu'à Nice, il ont sauvés les jumeaux de Brad Pitt et ses deux enfants à lui alors il est très rassurant sur mon cas. Fusillade quelques heures plus tôt devant l'entrée de l'hôpital alors c'est bouché par la police. J'arrive enfin. Un accouchement difficile, une famille entière attend l'annonce d'un heureux événement. Nous n'avons plus droit de sortir, la police cherche les auteurs de la fusillade. Locaux délabrés. Examen très rassurant. Saignements courants de début de grossesse. A l'écho, c'est une autre histoire. Plus de rythme cardiaque visible. Un problème de machine ou bien les premiers signes de la victoire de mes anticorps sur le nouvel arrivant pris pour un virus ?

Elle me rassure. J'ai une écho prévue lundi. En ville, les appareils sont plus précis à ce stade de grossesse et puis si c'est une fausse couche, elle me prescrit du Spasfon, « dans deux mois vous pouvez vous relancer dans l'aventure Â» comme beaucoup de femmes.

Même compagnie de taxi. Plus d'accès à l’hôpital à cause des forces de police. Personne ne vient. Je suis toute seule sur le parking. C'est la nuit. Quinze minutes plus tard, le même gars qui arrive en courant. Il est garé plus bas. Il est ravi d'avoir pu prendre la course pour avoir de mes nouvelles. Il ne prend pas le bon de taxi fait par le médecin désolée que personne ne puisse venir me chercher. Mon conjoint était en train de coucher la petite. Il est 22h. Ma petite virée nocturne m'aura coûté 69 euros. MP4 dans les oreilles, dans le lit près de ma fille. Je ne dors pas de la nuit.

 

Mercredi 7 mai: Retour chez ma belle famille à Hyères. Fausse couche dans la nuit. Je sens tout, je vois tout et j'en bave.

 

Vendredi 9 mai: Douleurs insoutenables et saignements. Urgences de Hyères. Attente puis je suis sous perfusion d'Acupan (douleurs) et d'Exacyl (saignements). Analyses. La gynéco de garde aimable comme une porte de prison tamponne son verdict : Fausse couche spontanée complète à 7 semaines de grossesse. « Une coïncidence ou bien plus certainement le travail d'anticorps virulents, au revoir, madame Â». Je refuse son traitement pour censé me donner les dernières contractions pour finir le travail.  J'en bave suffisamment sans qu'on en rajoute. On me laisse repartir sous antibiotiques seulement car dans l'aventure on m'apprend que j'ai attrapé une infection !

 

 

 

Depuis..

Lundi 12 mai: écho de contrôle à annuler

Lundi 26 mai: rendez-vous mensuel à l’hôpital à annuler

Mardi 3 juin: écho morphologique à annuler

Jeudi 26 mai: rendez-vous mensuel à l’hôpital à annuler

Jeudi 17 juillet : écho à annuler

Encore des dates à masquer sous des stickers sur le calendrier familial.

 

 

Mais surtout ma fille à rassurer..

Et la vie qui continue pour tout le monde..

 

 

 

 

 

 

Maintenant, c'est écrit, c'est dit, sans aucun but précis que celui de libérer mon esprit.

 

 

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